Tellement personne n’y croit que le costume de farfelu, de clown, d’illuminé, voire du meilleur bouffon de l’année, devrait être attribué d’office …
Mais ce serait abjurer la magie de la folie saine, des valeurs entortillées, des envies inarrêtables et des rêves indomptables ; car si toi t’y crois, pourquoi la frontière de ton chemin se trouverait au bout du nez de ceux qui ne peuvent voir plus loin ? [Mpanonofy-mpanatanteraka]
Dans le flou artistique des jours qui ont suivi le premier où tout a recommencé, avec du recul, il est fort heureux que l’on n’ait pas eu à présager de tous les futurs méandres, embuscades dissuasives et autres fortuites charmilles … [Chroniques & Babillages #01]
Simplement, nous avons créé de toutes pièces en allant, d’une foulée spontanée, d’un rythme endogène, animés de cet engagement si cher à Le Relais d’une transformation sociétale pour et surtout par ses acteurs ; et c’est bien la belle initiation retenue de ces années écoulées.
Nous avons commencé par évoquer naïvement avec les gens, l’idée de relancer des voitures Malagasy … « ah ah ah … tu sais le Vita Gasy, c’est pas fiable ».
Nous nous sommes pointés chez les fournisseurs « euh euh … vous êtes sûrs de vouloir faire des voitures en Afrique, avec des personnes exclues, sans moyens, sans compétences, vous êtes sérieux ? ».
Nous avons sollicité l’aide d’experts « Oh la la … tu sais, c’est ambitieux, c’est tout un métier, vous n’avez pas les moyens d’un grand constructeur qui met déjà 5 ans pour concevoir un modèle avec 3000 ingénieurs … ».
Nous avons supputé des soutiens politiques « Eh eh eh … vous avez raison de nous demander d’alléger la fiscalité pour soutenir une production locale mais vous pouvez d’abord nous donner une voiture ? ».
Ben oui, il nous fallait bien amorcer quelque chose, même si tout le monde se bidonnait intérieurement de nous voir les accoucher ces voitures …
Alors nous avons enfilé nos bleus de travail, entourés de stagiaires qui comme nous ne savaient pas que c’était impossible … Et ensemble nous avons fait des croquis sur papier, des maquettes en bois et en carton, des journées de CAO, des pliages de bouts de tôles, des tests électriques, des bancs d’essai mécanique, des recettes composites, des tableurs nomenclaturés, … pour voir germer des mains et de la témérité de cet escadron d’apprentis ingénieurs … un Objet Roulant Non Identifié, bringuebalant mais rapidement baptisé « buggy – phase01 ».
A l’heure des admonestations managériales et des déclinaisons quotidiennes du mindset ; définitivement, il n’y a rien à sermonner, calculer, houspiller, secouer en la matière … si ce n’est qu’il faut se mettre à l’eau ; soit tu en as dans les méninges et le pantalon, soit pas ; ne va pas chercher plus loin !
Car cette histoire d’ORNI a poursuivi son élan jusqu’à voir débarquer un vrai prototype, sur un parking plein de curieux descendus de leurs bureaux et encourageant l’expression d’un grand DG d’une grande division moteur « C’est la Karenjy, c’est vous Le Relais ? On vous observe depuis quelques années, décidément vous êtes atypiques, quel culot, petits mais de la suite dans les idées !».
Bien sur, nous pourrions raconter les mille combats improvisés et nécessaires pour atterrir sur ce parking, presque des gouttes d’eau devant ceux qui nous ont emboîté le pas pour semi-industrialiser, vendre une petite série semi-artisanale et déclencher la fierté d’un peuple lors d’une sainte visite, mais ça, c’est pour la prochaine fois 🙂 !
Et Toi qui fais partie des avant-coureurs toujours convaincus, raconte-nous aussi ton brin de folie … Nous, on y croit déjà !