Lorsque personne n’y croit

Luc Ronssin

Luc Ronssin

Administrateur chez Le Relais

Lorsque personne n'y croit

Lorsque personne n’y croit

Luc Ronssin

Luc Ronssin

Administrateur chez Le Relais

Lorsque personne n'y croit

Tellement personne n’y croit que le costume de farfelu, de clown, d’illuminé, voire du meilleur bouffon de l’année, devrait être attribué d’office …

Mais ce serait abjurer la magie de la folie saine, des valeurs entortillées, des envies inarrêtables et des rêves indomptables ; car si toi t’y crois, pourquoi la frontière de ton chemin se trouverait au bout du nez de ceux qui ne peuvent voir plus loin ? [Mpanonofy-mpanatanteraka]

Dans le flou artistique des jours qui ont suivi le premier où tout a recommencé, avec du recul, il est fort heureux que l’on n’ait pas eu à présager de tous les futurs méandres, embuscades dissuasives et autres fortuites charmilles … [Chroniques & Babillages #01]

Simplement, nous avons créé de toutes pièces en allant, d’une foulée spontanée, d’un rythme endogène, animés de cet engagement si cher à Le Relais d’une transformation sociétale pour et surtout par ses acteurs ; et c’est bien la belle initiation retenue de ces années écoulées.

Nous avons commencé par évoquer naïvement avec les gens, l’idée de relancer des voitures Malagasy … « ah ah ah … tu sais le Vita Gasy, c’est pas fiable ».

Nous nous sommes pointés chez les fournisseurs « euh euh … vous êtes sûrs de vouloir faire des voitures en Afrique, avec des personnes exclues, sans moyens, sans compétences, vous êtes sérieux ? ».

Nous avons sollicité l’aide d’experts « Oh la la … tu sais, c’est ambitieux, c’est tout un métier, vous n’avez pas les moyens d’un grand constructeur qui met déjà 5 ans pour concevoir un modèle avec 3000 ingénieurs … ».

Nous avons supputé des soutiens politiques « Eh eh eh … vous avez raison de nous demander d’alléger la fiscalité pour soutenir une production locale mais vous pouvez d’abord nous donner une voiture ? ».

Ben oui, il nous fallait bien amorcer quelque chose, même si tout le monde se bidonnait intérieurement de nous voir les accoucher ces voitures …

Alors nous avons enfilé nos bleus de travail, entourés de stagiaires qui comme nous ne savaient pas que c’était impossible … Et ensemble nous avons fait des croquis sur papier, des maquettes en bois et en carton, des journées de CAO, des pliages de bouts de tôles, des tests électriques, des bancs d’essai mécanique, des recettes composites, des tableurs nomenclaturés, … pour voir germer des mains et de la témérité de cet escadron d’apprentis ingénieurs … un Objet Roulant Non Identifié, bringuebalant mais rapidement baptisé « buggy – phase01 ».

A l’heure des admonestations managériales et des déclinaisons quotidiennes du mindset ; définitivement, il n’y a rien à sermonner, calculer, houspiller, secouer en la matière … si ce n’est qu’il faut se mettre à l’eau ; soit tu en as dans les méninges et le pantalon, soit pas ; ne va pas chercher plus loin !

Car cette histoire d’ORNI a poursuivi son élan jusqu’à voir débarquer un vrai prototype, sur un parking plein de curieux descendus de leurs bureaux et encourageant l’expression d’un grand DG d’une grande division moteur « C’est la Karenjy, c’est vous Le Relais ? On vous observe depuis quelques années, décidément vous êtes atypiques, quel culot, petits mais de la suite dans les idées !».

Bien sur, nous pourrions raconter les mille combats improvisés et nécessaires pour atterrir sur ce parking, presque des gouttes d’eau devant ceux qui nous ont emboîté le pas pour semi-industrialiser, vendre une petite série semi-artisanale et déclencher la fierté d’un peuple lors d’une sainte visite, mais ça, c’est pour la prochaine fois 🙂 !

Et Toi qui fais partie des avant-coureurs toujours convaincus, raconte-nous aussi ton brin de folie … Nous, on y croit déjà !

Photo de Hery Zo

Hery Zo

Designer et directeur créatif

Je m’appelle Razafindrazaka Hery Zo Ramamonjy, j’ai 24 ans et je suis co-fondateur, designer et directeur créatif chez Afo.
J’ai cocréé Afo en 2017 avec Mahefinilanto Voary Mendrika, qui est aujourd’hui notre responsable de production et logistique.
En 2019, nous avons déposé notre marque sans idées précises de ce que l’on voulait en faire, avant de se lancer « officiellement » en 2020 et formaliser notre petite entreprise en 2021.
La période entre 2017 et 2020 était essentiellement constituée d’apprentissage, d’auto-formation et de constitution d’un fonds de départ pour notre projet par nos propres moyens.
Nous n’avions pas forcément une expérience ultrasolide dans le secteur de l’habillement, ni même les « relations clés » et encore moins les moyens financiers suffisants et nécessaires mais nous nous sommes laissés guidés par la passion et par notre vision (et oui, c’est cliché mais c’est la réalité).
Nous étions particulièrement intrigués par la quasi-inexistence de marques locales auxquelles nous aurions pu nous identifier. En effet, à chaque fois que l’on se mettait à penser à une marque qui nous inspirait, des marques comme Nike, Adidas, Puma, … venaient très facilement et très vite à l’esprit.
On a commencé à se pencher sur le pourquoi de tout ça. Qu’est-ce qui faisait la singularité d’une marque ? Qu’est-ce qui était différent dans la démarche des grosses multinationales ? Les
préférences sur le design, le logo, le nom et le produit en lui-même semblaient subjectifs et rarement réellement fondées car il y avait cette autre chose que l’on avait du mal à définir qui influençait nos choix.
Après longue réflexion, nous en sommes arrivés à la conclusion que, tout simplement, le marché local a une forte préférence pour les grandes marques multinationales car celles-ci ont su asseoir une
réelle culture à l’échelle mondiale ces 30 dernières années afin de faire vendre leurs produits quand les acteurs locaux cherchent juste à vendre pour vendre, en surfant d’un buzz à un autre au
détriment d’une stratégie de marque à long-terme. Peut-être, avons-nous torts de penser ainsi ?
Cela importait peu car on était convaincus d’une chose : on voulait tout sauf ça. On voulait exprimer notre créativité, créer notre propre culture et la partager afin de changer les perceptions péjoratives du « Vita Gasy ». On voulait apporter de la valeur, bâtir des fondations solides pour la marque et exploiter ce qu’il y avait de plus profond dans la créativité et le savoir-faire Malagasy, quitte à tomber plusieurs fois car on s’en relèverait de toute manière.

Afo est la rencontre entre nos idées les plus complexes et nos idées les plus simples : sur le court-terme on est sur une course contre la montre, à enchaîner action après action ; mais sur le long-terme on était patients.

Voilà les raisons derrière notre devise, « Create to inspire ».