Chroniques et babillages

Karenjy se dévoile à travers une série d’anecdotes inédites !

Rendre possible ce qui est nécessaire ... N’est-ce pas le rôle du Politique afin de donner une vie féconde à l’Histoire d’un pays ? Et l’Histoire n'appartient-elle pas aux pays, à ceux qui la traversent, leurs descendants, leurs entourages, leurs compatriotes, ... ? L’Histoire de Karenjy appartient ainsi à Madagascar, et même si elle est parfois marquée, brassée, connotée par les couleurs changeantes de la politique, elle éclaire toujours l’oreille attentive qui souhaiterait en écosser quelques subtilités et éléments contextuels. Lorsque Le Relais a redémarré Karenjy, la curiosité nous a naturellement poussés à creuser et découvrir une part de son histoire, un pan de cette histoire de Madagascar. Ainsi, chemin faisant, dans notre course innocente, nous nous sommes retrouvés à vadrouiller, mi-Karenjy en langue Malagasy, vers une pêche aux informations, à la rencontre de ceux qui étaient à l’origine de cette étonnante et exceptionnelle aventure. Nous voilà en 2009, à pénétrer dans les vestiges des bureaux de l’IMI - Institut Malagasy de l’Innovation, qui y avait encore son improbable directeur, celui-ci nous y ayant donné rendez-vous. En quête de l’entrée du site au sud de Tana, le voisinage interpelle, très étonné "On passe devant ce portail depuis 20 ans, il n’y a plus rien par ici …". Serait-ce alors une erreur d’adresse ? Un canular ? Pourtant cela ressemble bel et bien à un lumineux entrepôt éclairé par de grandes verrières, idéal pour nicher un bureau d’études créatif que l’on imagine en train de modeler en bois cette petite voiture coquettement baptisée Jejo jamais produite et destinée à inonder la capitale de taxis Vita Malagasy … Alors, on se faufile tout comme nous l’avions fait un peu plus tôt pour découvrir l’antre de production FIARAFY sur Fianarantsoa (cf chronique 01). Au fin fond de cette demi-jungle, s’entrouvrent une villa, un escalier, une porte au premier étage, un rapide "toc toc toc" suivi d’un "Mandrosoa" … On pousse le loquet, bouches bées, éblouis par une moquette bleu écarlate impeccable ; par des photos du canal des Pangalanes à sa belle époque, par des croquis des modèles Karenjy – Iraka, Mazana, Lanja, Faoka, Kalesa, Jejo, par des projections de l’avion portant si bien son nom : Hitsihitsika, par des portraits d’antan d’un amiral vraisemblablement visionnaire … … et trônant au fond, un colossal bureau surélevé par une estrade, si vide que seule la pancarte TALE JENERALY cache le visage du personnage éponyme. La discussion ahurissante qui suit, nous ramène d’un bond à une saison révolue … car visiblement Andriamatoa Tale Jeneraly est resté figé dans les 80’s … à l’image de ce soldat japonais qui avait loupé la fin de la seconde guerre, caché jusqu’en 1974 … Quelques mois plus tard, nous revoilà à Lyon, sonnant à la porte d’un petit appartement perché à quelques étages, sur la trace de ce meilleur ouvrier de France à l’origine technologique de la conception des Karenjy. Dans sa vie, il a construit 7 avions de ses propres mains, très fier d’avoir longtemps survolé la grande île au manche de l’un d’eux. Nous le retrouvons à un âge avancé, devant son ordinateur en train de dessiner sous CAO - Conception Assistée par Ordinateur des voitures ! Dingue cette énergie ! Il nous raconte mille anecdotes vécues à cette époque, avant d’avoir été invité à tout quitter, lorsque les vents et marées politiques ont tourné au début des 90’s. L’engouement à raconter est tellement à son comble … que les enfants présents et étonnés de ce débarquement du bout du monde, nous encouragent à faire redescendre les émotions et revenir pour le prochain épisode. Nous attendons 2014 pour l’entendre, au volant en France d’une Faoka amenée à l’occasion d’un tour de France de nos antennes LE RELAIS arrosant sa 30ème bougie. Il nous explique pourquoi, contre tous les paradoxes et les emmerdes techniques, le moteur des Mazana et Iraka s’est retrouvé à l’arrière. La Politique avait tout simplement et unilatéralement tranché et expliqué où le moteur se situait sur les voitures de luxe et de sport ! Quelques mois plus tôt, nous voguions sur ce magnifique canal des Pangalanes, accostant aux pieds des vestiges de l’ACN - Atelier de Construction Navale - Mananjary. Nous sommes cloués devant un magnifique demi-tonneau en ossature bois, de quelques dizaines de mètre de rayon. A l’intérieur, il conserve religieusement les moules des vedettes rapides, des barges pousseurs, en souvenir des productions d’avant. Quel superbe atelier posé au bord du canal accueillant encore à quelques encablures l’une de ses deux dragueuses de fonds, baptisée Rasoa ! La destinée nous fera rencontrer quelques années plus tard, nos futurs amis belges, coopérants à l’apogée de l’ACN, ayant conservé un magnifique album de collection de tous les navires sortis ! Imaginez, il y a eu un démesuré catamaran de plaisance, dont la coque orpheline trône aujourd’hui, en épave sur la plage d’Ifaty .. Le gardien du tonnelet renversé, arrive aussi surpris que nous … alors on ose, on se lance, on se regarde et on la pose cette question fatidique "mais ces bateaux, ces voitures, ces avions, … pourquoi tout cela s’est arrêté ?" … Ce vieux sage hésite quelques minutes, puis se confie secrètement, à la mesure d’un vieux livre longtemps fermé, à la magie d’un site archéologique, "vous savez la politique, c’est compliqué, c’est difficile, c’est ****** … un jour, je me suis retrouvé sur un bateau avec le gratin du gratin qui entourait ceux fraîchement arrivés au sommet … j’ai aussi hésité à l’ouvrir, mais je voulais savoir, ce qu’allaient devenir tous ces projets, nous en étions fiers quand même … et j’ai eu une courte réponse : ça sent trop nos prédécesseurs, on va tout arrêter". Un peu à l’instar des yaourts qui disparurent des étalages, plus tard aussi pour des distorsions politiques. Car oui, malgré les couleurs, les bonnes et les mauvaises idées, les accords et les désaccords, les fautes, les forces, les faiblesses, les ambitions, les envies, les ingérences, … la Politique n’est pas de scier la branche sur laquelle le peuple est assis, mais bien de rendre possible ce qui lui est nécessaire !

Rendre possible ce qui est necessaire

Rendre possible ce qui est nécessaire … N’est-ce pas le rôle du Politique afin de donner une vie féconde à l’Histoire d’un pays ? Et l’Histoire n’appartient-elle pas aux pays, à ceux qui la traversent, leurs descendants, leurs entourages, leurs compatriotes, … ? L’Histoire de Karenjy appartient ainsi à Madagascar, et même si elle est parfois marquée, brassée, connotée par

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Renaitre de ses cendres

Renaitre de ses cendres

Qui donc se lève un matin en se disant « Tiens, aujourd’hui je ne sais pas quoi faire, je vais faire des voitures et créer une marque automobile locale » ? Entre rêves et réalités (cf chroniques #01 & #02), la curiosité inhérente à LE RELAIS et la créativité légendaire Malagasy se sont jovialement associées pour une amusante première sortie

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Lorsque personne n'y croit

Lorsque personne n’y croit

Tellement personne n’y croit que le costume de farfelu, de clown, d’illuminé, voire du meilleur bouffon de l’année, devrait être attribué d’office … Mais ce serait abjurer la magie de la folie saine, des valeurs entortillées, des envies inarrêtables et des rêves indomptables ; car si toi t’y crois, pourquoi la frontière de ton chemin se trouverait au bout du

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Le jour où tout a commencé

Le jour où tout a commencé

C’était deux années avant que les premiers journaux s’amusent à titrer « Karenjy renaît de ses cendres » … … ou plutôt quelques semaines après un 7 avril qui accueillait les 15 premiers collègues d’un Le Relais, récemment débarqué avec son slogan en tête « nous avons raison de croire en l’Homme », assumant l’audace de transformer l’Entreprise comme acteur

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Photo de Hery Zo

Hery Zo

Designer et directeur créatif

Je m’appelle Razafindrazaka Hery Zo Ramamonjy, j’ai 24 ans et je suis co-fondateur, designer et directeur créatif chez Afo.
J’ai cocréé Afo en 2017 avec Mahefinilanto Voary Mendrika, qui est aujourd’hui notre responsable de production et logistique.
En 2019, nous avons déposé notre marque sans idées précises de ce que l’on voulait en faire, avant de se lancer « officiellement » en 2020 et formaliser notre petite entreprise en 2021.
La période entre 2017 et 2020 était essentiellement constituée d’apprentissage, d’auto-formation et de constitution d’un fonds de départ pour notre projet par nos propres moyens.
Nous n’avions pas forcément une expérience ultrasolide dans le secteur de l’habillement, ni même les « relations clés » et encore moins les moyens financiers suffisants et nécessaires mais nous nous sommes laissés guidés par la passion et par notre vision (et oui, c’est cliché mais c’est la réalité).
Nous étions particulièrement intrigués par la quasi-inexistence de marques locales auxquelles nous aurions pu nous identifier. En effet, à chaque fois que l’on se mettait à penser à une marque qui nous inspirait, des marques comme Nike, Adidas, Puma, … venaient très facilement et très vite à l’esprit.
On a commencé à se pencher sur le pourquoi de tout ça. Qu’est-ce qui faisait la singularité d’une marque ? Qu’est-ce qui était différent dans la démarche des grosses multinationales ? Les
préférences sur le design, le logo, le nom et le produit en lui-même semblaient subjectifs et rarement réellement fondées car il y avait cette autre chose que l’on avait du mal à définir qui influençait nos choix.
Après longue réflexion, nous en sommes arrivés à la conclusion que, tout simplement, le marché local a une forte préférence pour les grandes marques multinationales car celles-ci ont su asseoir une
réelle culture à l’échelle mondiale ces 30 dernières années afin de faire vendre leurs produits quand les acteurs locaux cherchent juste à vendre pour vendre, en surfant d’un buzz à un autre au
détriment d’une stratégie de marque à long-terme. Peut-être, avons-nous torts de penser ainsi ?
Cela importait peu car on était convaincus d’une chose : on voulait tout sauf ça. On voulait exprimer notre créativité, créer notre propre culture et la partager afin de changer les perceptions péjoratives du « Vita Gasy ». On voulait apporter de la valeur, bâtir des fondations solides pour la marque et exploiter ce qu’il y avait de plus profond dans la créativité et le savoir-faire Malagasy, quitte à tomber plusieurs fois car on s’en relèverait de toute manière.

Afo est la rencontre entre nos idées les plus complexes et nos idées les plus simples : sur le court-terme on est sur une course contre la montre, à enchaîner action après action ; mais sur le long-terme on était patients.

Voilà les raisons derrière notre devise, « Create to inspire ».