Renaitre de ses cendres

Luc Ronssin

Luc Ronssin

Administrateur chez Le Relais

Renaitre de ses cendres

Renaitre de ses cendres

Luc Ronssin

Luc Ronssin

Administrateur chez Le Relais

Renaitre de ses cendres

Qui donc se lève un matin en se disant « Tiens, aujourd’hui je ne sais pas quoi faire, je vais faire des voitures et créer une marque automobile locale » ?

Entre rêves et réalités (cf chroniques #01 & #02), la curiosité inhérente à LE RELAIS et la créativité légendaire Malagasy se sont jovialement associées pour une amusante première sortie au volant d’une KARENJY encore chaude de ses cendres.

L’année 2009 a été entièrement confiée à 5 gais lurons, seuls autorisés à pénétrer dans l’antre encore fantôme et empoussiérée. Voilà, Njo arrivé pour un stage rangement aujourd’hui responsable de notre activité riziculture raisonnée, Jean-Paul notre jardinier en herbe, Elodie et Ravo fraîchement épinglés maintimolaly ITSFX devenus nos responsables maintenance et production, accompagnant le plus enjoué et allumé 5ème acolyte pour …

…. réparer la toiture en partie tombée par le temps et débroussailler la jungle installée,

… inventorier des milliers de pièces automobiles, dont certaines avaient disparu depuis la première visite de mi-2008, emportées par les petites souris furtives d’un ministère encore gourmand,

… nettoyer la belle aux charpentes dormantes, pétrifiée début 90’s par une mise sous scellés politique, encore décorée de plannings d’époque, de banderoles aux couleurs en vogue, et de portraits aux effigies bien rajeunies,

… chiner les plans techniques, en faire des trouvailles intrigantes, comme ce magnifique coffre-fort gardé par des locataires à 1000, 4, 2 ou encore sans pattes … « Surtout n’y touchez pas !! » « Ok, Monsieur du Ministère, à votre disposition » … et convertir cette mise à disposition languissante de plusieurs mois, en l’envie succombante d’y exhumer quels plans et autres importances par le jeu d’une barre à mine suivi d’une bonne heure de disqueuse, qui ne dévoila rien d’autres que de magnifiques photos d’époque.

… imaginer et espérer des rencontres avec Nestor, testeur de prototypes tragiquement décédé dans une Karenjy au milieu 80’s et installé depuis 25 ans à hanter bienveillamment et garder secrètement les lieux.

… et énumérer de quoi boulonner une centaine de voitures : 20 déjà finies, 20 châssis roulants et le solde en pièces à vue de nez.

Revoilà nos 5 larrons à ouvrir les capots. « C’est une essence ou un diesel d’après toi ? » « Euh … aucune idée, je regarde la notice … » « Tiens, on dirait que ce truc ressemble à un carburateur, cela doit être de l’essence ». Car quand tu veux apprendre, laisse courir la force qui est en toi, ouvre un livre, va voir Papy ou encore tapote ton tuto DIY sur internet !

Puis laisse une part d’improvisation : un peu de carburant, un plein d’huile, une batterie, 3 tours pour dégripper le vilebrequin à la main … TOF TOF TOF, et le moteur démarre. Magique, la machine est en route !!

« Prenons la cabriolet verte pour cette première sortie ». Direction le centre ville. Tout le monde se retourne au passage. Le sourire aux lèvres de tous les passants « Io, ny daba Vita Malagasy » « Jereo, ny Karenjy » !! Magique, la machine est lancée !!

20 minutes à parader, à défiler, à mi-geste-bé en ville, puis BOUM … tout s’arrête. Un tantinet moins fanfarons, voilà nos 5 artistes à pousser sur 500m les séparant de la case départ et rallumant une noria de sourires, moins favorables pour le coup.

L’explication arrivera quelques jours plus tard … la pompe à eau, grippée, ultra grippée dans un circuit qui demandait surtout d’y adjoindre un fluide refroidissant ! Magique d’apprendre par les erreurs, les difficultés, les soi-disant échecs, la machine ne s’arrêtera plus désormais !

Loin de nous décourager, cela nous a poussé à finir cette centaine d’anciennes définitions puis à transmettre le flambeau en 2016 à une complète reconception MAZANAII, et ce sera une autre page de l’histoire !!

Photo de Hery Zo

Hery Zo

Designer et directeur créatif

Je m’appelle Razafindrazaka Hery Zo Ramamonjy, j’ai 24 ans et je suis co-fondateur, designer et directeur créatif chez Afo.
J’ai cocréé Afo en 2017 avec Mahefinilanto Voary Mendrika, qui est aujourd’hui notre responsable de production et logistique.
En 2019, nous avons déposé notre marque sans idées précises de ce que l’on voulait en faire, avant de se lancer « officiellement » en 2020 et formaliser notre petite entreprise en 2021.
La période entre 2017 et 2020 était essentiellement constituée d’apprentissage, d’auto-formation et de constitution d’un fonds de départ pour notre projet par nos propres moyens.
Nous n’avions pas forcément une expérience ultrasolide dans le secteur de l’habillement, ni même les « relations clés » et encore moins les moyens financiers suffisants et nécessaires mais nous nous sommes laissés guidés par la passion et par notre vision (et oui, c’est cliché mais c’est la réalité).
Nous étions particulièrement intrigués par la quasi-inexistence de marques locales auxquelles nous aurions pu nous identifier. En effet, à chaque fois que l’on se mettait à penser à une marque qui nous inspirait, des marques comme Nike, Adidas, Puma, … venaient très facilement et très vite à l’esprit.
On a commencé à se pencher sur le pourquoi de tout ça. Qu’est-ce qui faisait la singularité d’une marque ? Qu’est-ce qui était différent dans la démarche des grosses multinationales ? Les
préférences sur le design, le logo, le nom et le produit en lui-même semblaient subjectifs et rarement réellement fondées car il y avait cette autre chose que l’on avait du mal à définir qui influençait nos choix.
Après longue réflexion, nous en sommes arrivés à la conclusion que, tout simplement, le marché local a une forte préférence pour les grandes marques multinationales car celles-ci ont su asseoir une
réelle culture à l’échelle mondiale ces 30 dernières années afin de faire vendre leurs produits quand les acteurs locaux cherchent juste à vendre pour vendre, en surfant d’un buzz à un autre au
détriment d’une stratégie de marque à long-terme. Peut-être, avons-nous torts de penser ainsi ?
Cela importait peu car on était convaincus d’une chose : on voulait tout sauf ça. On voulait exprimer notre créativité, créer notre propre culture et la partager afin de changer les perceptions péjoratives du « Vita Gasy ». On voulait apporter de la valeur, bâtir des fondations solides pour la marque et exploiter ce qu’il y avait de plus profond dans la créativité et le savoir-faire Malagasy, quitte à tomber plusieurs fois car on s’en relèverait de toute manière.

Afo est la rencontre entre nos idées les plus complexes et nos idées les plus simples : sur le court-terme on est sur une course contre la montre, à enchaîner action après action ; mais sur le long-terme on était patients.

Voilà les raisons derrière notre devise, « Create to inspire ».